Nancy : Quatre infirmières condamnées pour une surdose de sirop fatale à deux bébés prématurés
Publié le 16 décembre 2025 par: Être Heureux
Plus de huit ans après un drame survenu en réanimation néonatale, la justice a rendu son verdict. À Nancy, quatre infirmières ont été reconnues coupables d’homicides involontaires après la mort de deux grands prématurés, victimes d’une erreur médicamenteuse.

Une décision lourde, au croisement de la responsabilité individuelle et des défaillances du système hospitalier. Les faits remontent au 25 avril 2017, au sein du service de réanimation néonatale du CHRU de Nancy. Ce jour-là, deux bébés prématurés décèdent après l’administration d’un sirop de phosphore qui n’avait pas été dilué. Cette surdose médicamenteuse s’avérera fatale aux nourrissons, déclenchant une longue procédure judiciaire et une onde de choc durable dans le monde hospitalier.
Une condamnation pénale plus de huit ans après
Ce lundi, le tribunal correctionnel de Nancy a condamné quatre infirmières à des peines allant de 12 à 18 mois de prison avec sursis pour homicides involontaires. Les peines prononcées sont strictement conformes aux réquisitions du parquet. En revanche, la juridiction n’a pas suivi l’accusation sur un point clé : aucune interdiction d’exercer la profession d’infirmière n’a été retenue.
Les soignantes contestent la connaissance du protocole

À la barre, les prévenues ont affirmé ne pas avoir su que le médicament devait être dilué. Elles ont soutenu que cette information essentielle ne figurait pas clairement dans la prescription médicale. Leur défense s’est appuyée sur le manque de précision des ordonnances et sur le contexte de travail, jugé particulièrement dégradé à l’époque des faits.
Une surcharge de travail dénoncée à l’audience
Lors du procès tenu en octobre, les infirmières ont décrit un service sous tension, évoquant une surcharge de travail importante et un manque de moyens humains. Selon elles, ces conditions auraient contribué à l’erreur fatale, dans un environnement où la vigilance est pourtant cruciale. Un argument qui n’a pas suffi à écarter leur responsabilité pénale.
Le parquet pointe un manquement aux règles professionnelles

Pour l’accusation, les infirmières auraient dû se référer au protocole interne, consigné dans un classeur accessible au personnel soignant. Le parquet a estimé que, malgré l’imprécision de la prescription médicale, les règles d’administration du médicament étaient connues et devaient être appliquées, engageant ainsi la responsabilité directe des soignantes.
L’hôpital et les médecins hors de cause
Dans ce dossier, le CHRU de Nancy et l’un des deux médecins prescripteurs ont bénéficié d’un non-lieu. Initialement mis en examen pour homicide involontaire, ils ont été définitivement écartés des poursuites en janvier, par décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Nancy. Une issue qui continue de susciter des interrogations sur le partage des responsabilités au sein de l’institution hospitalière.







