Le journaliste et écrivain Philippe Labro est décédé à 88 ans

Publié le 4 juin 2025 par: Être Heureux
Philippe Labro, plume libre et esprit touche-à-tout des médias français, s’est éteint à l’âge de 88 ans. Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage culturel, journalistique et littéraire de notre pays.
Philippe Labro était bien plus qu’un journaliste : il incarnait un pan entier de l’histoire des médias. Entré à RTL en 1976, il en fut une pièce maîtresse pendant près de quinze ans. Directeur des programmes, puis vice-président de la station aux côtés de Jacques Rigaud, il a largement contribué à ce que l’on appelle les grandes heures de la station, entre 1985 et 2000. « C’est une immense figure de RTL qui disparaît », a déclaré avec émotion Hervé Béroud, directeur de l’information du groupe M6-RTL.
Mais l’homme ne se résumait pas à la radio. Il avait débuté dès les années 1950 chez Europe 1 et à la presse écrite, collaborant avec France-Soir, Marie-France, ou encore à l’émission culte Cinq colonnes à la une. Observateur du monde, Labro a toujours cherché à creuser l’intime dans ses portraits et ses récits.
Un parcours éclectique, entre cinéma, livres et télévision
Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, Philippe Labro a marqué les esprits avec L’Étudiant étranger, couronné du prix Interallié en 1986, ou Quinze ans, récit de l’adolescence devenue classique. Il a également levé le voile sur sa propre bataille contre la dépression dans Tomber sept fois, se relever huit, un témoignage rare et courageux à une époque où la santé mentale restait taboue.
Au cinéma, il fut l’un des rares journalistes à passer derrière la caméra avec succès. Il réalisa sept longs-métrages aux accents noirs et américains, comme Sans mobile apparent, L’Héritier, ou encore Rive droite, rive gauche, avec Depardieu et Marielle. Ces films témoignaient d’un goût prononcé pour l’esthétique du polar et des tensions psychologiques.
Amoureux de la chanson française, il collabora aussi avec Johnny Hallyday, écrivant notamment les paroles de Oh ! Ma jolie Sarah ou Mon Amérique à moi. Une preuve supplémentaire de sa capacité à embrasser tous les langages artistiques avec sincérité.
Un homme engagé, discret et profondément humain
Philippe Labro a toujours mêlé pudeur et élégance dans sa manière d’aborder les sujets, y compris les plus personnels. Marié à la journaliste Françoise Labro, père de quatre enfants, il revendiquait un rapport intense à l’écriture et à la transmission. Loin des postures, il cherchait à comprendre et à raconter, que ce soit dans ses interviews, ses chroniques ou ses romans.
Rachida Dati lui a rendu hommage ce mercredi, saluant « un témoignage courageux sur la santé mentale » et rappelant combien Labro fut une « grande figure de la presse et de l’édition ».