La réforme de l’audiovisuel public voulue par Rachida Dati rejetée d’emblée à l’Assemblée

Publié le 1 juillet 2025 par: Être Heureux
Rejetée d’entrée de jeu à l’Assemblée nationale, la réforme de l’audiovisuel public portée par Rachida Dati subit un revers politique cinglant. Une alliance imprévue entre la gauche et le Rassemblement national a mis fin aux débats avant même qu’ils ne commencent, fragilisant la ministre de la culture et son projet controversé.
Ce lundi 30 juin, les députés ont voté en faveur d’une motion de rejet préalable déposée par la députée écologiste Cyrielle Chatelain. Le texte de réforme, qui visait à fusionner France Télévisions, Radio France et l’INA dans une holding unique baptisée France Médias, n’a donc pas été débattu. Seuls 132 députés sur 577 ont pris part au scrutin : 94 ont voté pour le rejet, 38 contre, et aucun ne s’est abstenu. L’écrasante majorité des sièges vides dans l’hémicycle (444) témoigne d’un désintérêt ou d’un calcul stratégique autour d’un texte explosif.
Une coalition inattendue entre le RN et la gauche
À la surprise générale, le Rassemblement national s’est joint aux partis de gauche pour faire échouer l’examen du projet de loi. Du PCF à LFI, en passant par les écologistes et le PS, tous se sont unis dans une opposition de fond, mais pour des raisons différentes. Le RN, lui, a expliqué vouloir mettre un terme à ce qu’il qualifie d’ »obstruction systématique » de la gauche, alors que plus de 1 300 amendements avaient été déposés. Ce vote scelle une alliance tactique inédite, qui interroge sur les équilibres politiques actuels.
Un revers politique pour Rachida Dati
Le camouflet est personnel pour la ministre de la culture, Rachida Dati, qui voyait dans cette réforme un marqueur fort de son passage rue de Valois. Emmanuel Grégoire, député socialiste et futur adversaire potentiel de Dati aux municipales de Paris, s’en est réjoui publiquement : « C’est un immense revers, elle le mérite. » De son côté, son cabinet tente de minimiser : « Le texte ira plus vite au Sénat. » Mais le symbole est là : l’Assemblée a refusé de discuter d’un projet jugé précipité, flou et clivant, y compris au sein de la majorité.
Une réforme soutenue par l’exécutif mais rejetée par les syndicats
Le premier ministre François Bayrou a défendu la réforme, en soulignant l’objectif de renforcer la « souveraineté audiovisuelle » française. Mais sur le terrain, la résistance est massive. Les syndicats de France Télévisions, Radio France et l’INA dénoncent une attaque contre l’indépendance éditoriale et les conditions de travail. Radio France a même entamé une grève illimitée dès jeudi dernier. À l’INA et France Télévisions, des appels à la mobilisation ont été lancés.
Une contestation syndicale vive et unanime
Pour les syndicats, ce vote est une victoire. Pierre Mouchel (SNRT-CGT) y voit « un terrible camouflet pour Rachida Dati », et appelle à l’abandon pur et simple du projet. Même tonalité du côté de Soraya Morvan-Smith (SNJ-CGT), pour qui le rejet traduit « l’absence totale de consensus sur une réforme malhonnête ». L’hostilité syndicale, très structurée, s’appuie notamment sur le risque de perte d’autonomie des entités intégrées dans France Médias, et sur les inquiétudes liées à une gouvernance centralisée sous la houlette d’un PDG unique.