Chien du voisin qui aboie : que faire et quels sont vos droits ?

PubliĂ© le 18 aoĂ»t 2025 par: Ătre Heureux
Les aboiements persistants dâun chien peuvent transformer la vie quotidienne en vĂ©ritable Ă©preuve pour le voisinage. Entre nuits blanches, irritabilitĂ© croissante et sentiment dâimpuissance, ce bruit incessant, pourtant anodin en apparence, soulĂšve de nombreuses interrogations juridiques. Heureusement, la loi française propose des solutions concrĂštes pour y faire face.
Un chien qui aboie ponctuellement nâest pas hors la loi, mais lorsque ses vocalises deviennent frĂ©quentes, prolongĂ©es ou surviennent Ă des heures inappropriĂ©es, elles tombent dans la catĂ©gorie des troubles anormaux de voisinage. Trois critĂšres sont gĂ©nĂ©ralement retenus pour caractĂ©riser cette nuisance : lâintensitĂ©, la durĂ©e et la rĂ©pĂ©tition du bruit.
Ces critĂšres sont dâautant plus stricts la nuit, entre 22 h et 7 h, pĂ©riode durant laquelle tout tapage est automatiquement rĂ©prĂ©hensible, mĂȘme sâil est occasionnel. Un seul aboiement puissant et mal placĂ© dans la nuit peut donc suffire Ă constituer une infraction.
Ce que prévoit la loi française
La lĂ©gislation encadre clairement les nuisances sonores liĂ©es aux aboiements, via notamment lâarticle R.1334-31 du Code de la santĂ© publique et lâarticle 1240 du Code civil. En journĂ©e, le bruit doit ĂȘtre excessif par sa frĂ©quence ou son intensitĂ© pour ĂȘtre rĂ©prĂ©hensible. La nuit, en revanche, toute perturbation, mĂȘme brĂšve, est susceptible dâĂȘtre sanctionnĂ©e.
Le propriĂ©taire ou gardien du chien est lĂ©galement responsable, en vertu de lâarticle 1385 du Code civil. Cette responsabilitĂ© peut sâĂ©tendre au bailleur du logement si le trouble persiste sans action corrective.
Avant de saisir la justice : les étapes à suivre
La premiĂšre Ă©tape reste toujours le dialogue, courtois mais ferme. Il sâagit de faire comprendre au propriĂ©taire de lâanimal la gĂȘne occasionnĂ©e, souvent ignorĂ©e par ce dernier. SuggĂ©rer des solutions simples, comme plus de promenades ou des sĂ©ances dâĂ©ducation canine, peut dĂ©samorcer le problĂšme rapidement.
En lâabsence de rĂ©action, une lettre simple, puis une mise en demeure envoyĂ©e en recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception, permet dâofficialiser votre plainte. Y inclure les rĂ©fĂ©rences lĂ©gales renforce la portĂ©e de votre dĂ©marche.
Faire constater la nuisance : des preuves indispensables
Le constat par un tiers est crucial si la situation dĂ©gĂ©nĂšre. La police municipale, la gendarmerie, un huissier de justice ou mĂȘme la mairie peuvent intervenir. Ces Ă©lĂ©ments constitueront une base solide pour toute action en justice. Des enregistrements audio ou des tĂ©moignages de voisins peuvent Ă©galement ĂȘtre joints au dossier.
Recours officiels : que faire si rien ne change ?
Si toutes les dĂ©marches amiables Ă©chouent, plusieurs recours lĂ©gaux sâoffrent Ă vous :
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Saisir la mairie, dont le maire est tenu dâassurer la tranquillitĂ© publique, peut aboutir Ă un arrĂȘtĂ© municipal ou Ă une mise en demeure du propriĂ©taire du chien.
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Tenter une conciliation, obligatoire depuis 2016, peut débloquer la situation. Un conciliateur de justice agit gratuitement, sans formalisme excessif, et peut proposer un accord acceptable pour les deux parties.
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En dernier recours, une action en justice devant le tribunal judiciaire peut ĂȘtre envisagĂ©e. Le juge peut exiger lâarrĂȘt des nuisances, ordonner des dommages et intĂ©rĂȘts, ou mĂȘme, dans les cas extrĂȘmes, imposer le retrait de lâanimal.
Les sanctions encourues par le propriétaire du chien
Les propriĂ©taires rĂ©calcitrants sâexposent Ă diverses sanctions, allant de lâamende forfaitaire de 68 ⏠(180 ⏠en cas de majoration) Ă 450 ⏠pour tapage nocturne. En cas de procĂ©dure judiciaire, le juge peut Ă©galement ordonner lâindemnisation du prĂ©judice, voire imposer des travaux dâisolation ou des mesures plus radicales.
La responsabilitĂ© civile peut Ă©galement ĂȘtre engagĂ©e, selon lâarticle 1240 du Code civil. Le coĂ»t financier et moral peut alors ĂȘtre consĂ©quent pour le propriĂ©taire nĂ©gligent, sans compter la dĂ©gradation des relations de voisinage.
Préserver la paix sans passer par le tribunal
La voie judiciaire nâest pas toujours la plus rapide ni la plus efficace. Dâautres approches peuvent apaiser les tensions sans envenimer les rapports. Proposer des solutions concrĂštes (dressage, occupation du chien, etc.) montre une volontĂ© de dialogue.
Investir dans une isolation phonique, installer des panneaux antibruit dans votre jardin, ou simplement enregistrer les nuisances en prĂ©vision dâune future discussion peuvent aussi aider Ă rĂ©soudre le problĂšme sans confrontation directe.