Aide à mourir : Des militants radicaux jugés pour avoir procuré du pentiobarbital à des seniors

Publié le 15 septembre 2025 par: Être Heureux
À Paris, un procès sensible relance un débat éthique et sociétal brûlant. Douze militants de l’aide à mourir comparaissent pour avoir facilité l’accès à des barbituriques utilisés dans des suicides assistés.
Âgés de 74 à 89 ans, les prévenus appartiennent à l’association Ultime Liberté, née d’une scission radicale de l’ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité). Entre août 2018 et novembre 2020, ils auraient aidé des dizaines de personnes, malades ou non, à acheter en ligne du pentobarbital, un puissant barbiturique provoquant une mort rapide et indolore. Tous sont poursuivis pour infraction à la législation sur le trafic de substances illicites.
Un procès qui dépasse le cadre pénal
Pour leur avocat, Me Arnaud Lévy-Soussan, cette audience « sensibilise l’opinion publique aux problématiques de la fin de vie ». La plupart des prévenus, d’anciens enseignants au casier judiciaire vierge, affirment agir par conviction morale. Leur procès, ouvert ce lundi au tribunal correctionnel de Paris, se déroulera jusqu’au 9 octobre et devrait raviver les tensions autour de la bioéthique.
Le droit à mourir, un sujet clivant
Ultime Liberté revendique un droit qui va plus loin que celui des associations pro-euthanasie traditionnelles. Elle défend la possibilité d’un « suicide serein », même pour des personnes non malades, dès lors qu’elles sont lucides et que leur choix est réfléchi. Ses membres se voient comme les héritiers des mouvements des années 1960-1970 pour la contraception et l’IVG, appliquant la même logique d’autonomie individuelle au choix de sa mort.
Un tabou face aux lois françaises
« Le suicide est dépénalisé depuis la Révolution, mais de nombreuses lois limitent la liberté du suicide », a rappelé Claude Hury, présidente d’Ultime Liberté et figure centrale du procès. Elle insiste : « Notre but n’est pas de faire mourir les gens, mais de leur permettre d’avancer en âge sereinement, avec la certitude de pouvoir décider eux-mêmes de leur fin, plutôt que d’attendre un diktat médical. »
Ce procès s’inscrit dans un contexte où l’Assemblée nationale a récemment voté en première lecture une nouvelle proposition de loi sur la fin de vie. Les discussions, déjà vives au sein de la société française, s’annoncent d’autant plus tendues que ce dossier mêle liberté individuelle, dignité humaine et cadre légal. Le jugement attendu le 9 octobre pourrait marquer une étape dans la réflexion nationale sur l’aide à mourir.